Palais Céleste
La station spatiale chinoise Tiangong-3 entre en service
par Philippe Coué
Tiangong-3 est l’aboutissement de 30 ans d’efforts pour doter la Chine d’une station orbitale permanente. Après « Shenzhou » et « Jing et Chen », « Palais Céleste » constitue le troisième volet d’une trilogie qui couvre l’intégralité du programme spatial habité chinois.
Dans « Palais Céleste », Philippe Coué présente, mission après mission, l’assemblage et le début d’exploitation de la première grande station orbitale chinoise exploitée en permanence.
On savait depuis la fin des années 1990 que les Chinois souhaitaient construire une station modulaire qui s’inspirait beaucoup de Mir, l’infrastructure orbitale russe exploitée entre 1986 et 2001. Mais il s’agit d’une « ré-innovation » à la chinoise des fonctions des stations russes. Ce n’est ni une copie ni une imitation : tout a été repensé avec des équipements et pour des missions du XXIe siècle.
En une décennie, l’Empire du milieu s’est inséré dans le club très fermé des nations qui savent lancer des hommes dans l’espace et les récupérer. Aujourd’hui, la Chine a largement dépassé la Russie en volume d’activités spatiales. Elle est devenue la deuxième puissance spatiale du monde après les Etats-Unis, et loin devant l’Europe.
La lecture de cet ouvrage est indispensable pour comprendre les enjeux et les objectifs de Pékin pour conquérir le cosmos avec en ligne de mire la seconde conquête de la Lune après celle de l’orbite terrestre basse.
Tiangong-3 pourrait être utilisée pour tester les éléments des futures centrales solaires spatiales, un programme qui est devenu prioritaire à Pékin. Mais ses modules pressurisés constituent aussi des prototypes pour la future base lunaire que les Chinois veulent bâtir au pôle Sud de la Lune.
Sommaire
A la rencontre du module Tianhe
29 avril 2021 : une fusée CZ-5B lance le module Tianhe depuis le base de tir de Wenchan. Malgré quelques inquiétudes quant au point de chute de premier étage, tout se passe bien et fin mai, Tianhe est prêt à recevoir les premiers taïkonautes. Une première synthèse des informations disponibles permet de dresser une fiche technique plus complète du module de la station orbitale.
Mise en route de Tianhe et première EVA
Avant de recevoir ses premiers occupants, Tiangong reçut la visite d'un cargo Tianzhou qui lui livra près de 7 t d'approvisionnement. Le 17 juin 2021, l'équipage de Shenzhou-12 s'ammarrait à la station spatiale. Pendant les trois mois de la mission, les trois taïkonautes devaient effectuer un programme chargé: il s’agissait de poursuivre « la mise en route la station », entre autre à l'aide du bras télémanipulateur. A cette occasion, Liu Boming et Tang Hongbo réalisèrent la deuxième sortie extra-véhiculaire chinoise.
Tiangong acquiert son rythme de travail
Quatre jours après le départ de ses occupants, Tiangong reçoit un nouveau cargo ravitailleur et un mois plus tard, le 15 octobre, Shenzhou-13 achemine les trois occupants suivants de la station pour un séjour cinq mois et demi. Au programme: l'essai de transfert des futurs modules, deux sorties, la validation du système de support-vie et un programme scientifique très complet. Avec, en prime, la proximité d'un tir antisatellite russe et la célébration du Nouvel An chi!nois.
Six taïkonautes en orbite
Après un ravitaillement, c'est au tour de Shenzhou-14 de rejoindre Tiangong, très vite rejoint par Wentian, un module qui confère un volume de vie très confortable à l'ensemble orbital. Après plusieurs sorties des taïkonautes, le laboratoire orbital Mengtian vient s'arrimer, développant encore les potentialités scientifiques de la station. Le 29 novembre 2022, le quinzième vaisseau Shenzhou décollait pour une "relève chaude" et Tiangong se retrouvait avec six occupants. Une grande première pour la Chine qui clotûrait la phase d'assemblage de la station spatiale permanente.
155 pages - A5